Un chemin vers la méditation

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Cécile Petit

Étudiante Sadhana LC

Namasté ! Aujourd’hui, j’aimerais aborder l’importance de la méditation dans notre pratique de yoga. Qui n’a jamais fui ce moment important après la pratique des asanas et des pranayamas, à la fois attiré par l’envie de prolonger cet état de bien être en assise et l’envie irrésistible de remettre ce moment d’intériorité profonde à plus tard ? Moi, je le confesse ! Et pourtant, la pratique des asanas et des pranayamas nous prépare essentiellement à renforcer notre réceptivité et notre capacité à nous intérioriser, en position du lotus, le regard porté vers l’infini. Voilà un petit article dans lequel je souhaite faire le point sur les différentes pratiques de méditation afin de renforcer votre désir d’aller dans ce sens, malgré une tendance du mental à nous détourner de cette aspiration à le faire taire !

Pourquoi méditer ? Quels bienfaits ?

La vie moderne que nous menons est, comme en témoigne une grande majorité de personnes, effrénée où nos multiples tâches doivent s’enchainer et où, ironie du sort, c’est notre être tout entier qui se voit enchaîné à ce rythme peu naturel ! Travail, temps passé en voiture, enfants, couple, ménage, courses, cuisine, loisirs, sommeil, tout cela doit tenir en 24h et ce n’est pas chose facile ! C’est même éreintant et de plus en plus de personnes ont le sentiment de passer à côté d’eux-mêmes, à côté de ceux qu’ils aiment et de leurs aspirations profondes jugées non-utiles et non rentables ! L’art de méditer, c’est justement offrir à son corps et à son esprit un retour à l’essentiel, une connexion à Soi, à l’Univers. C’est se tenir disponible à recevoir ce qui est, indépendamment de nous et de nos constructions humaines. Une meilleure attention, une qualité de présence à ce que l’on fait instant après instant, à notre respiration, à nos sensations, à nos perceptions peut vraiment changer une vie !

Des bienfaits mesurés sur le cerveau

Matthieu Ricard et d’autres méditants entraînés qui pratiquent plusieurs heures par jour depuis plus de 40 ans ont fait l’objet d’études scientifiques. Ces dernières ont révélé que leurs cerveaux réagissaient très spécifiquement et que leurs ondes gamma étaient plus intenses que chez d’autres sujets non méditants ! On observe chez eux « une meilleure synchronisation de l’ensemble de l’activité électrique du cerveau » ainsi qu’une « augmentation de la neuroplasticité, c’est-à-dire de la propension des neurones à établir davantage de connexions » ( Antoine Pelissolo, Thomas Mauras, article cité). Ainsi, c’est tentant me semble-t-il, d’élargir notre potentiel de connexion avec le vivant et avec des dimensions que nous ne devinons peut-être pas encore, non ?!

La finalité de l’Hatha-Yoga : passer de la concentration à la méditation

L’Hatha-Yoga ne concerne pas uniquement le bien-être corporel. Les textes fondateurs de l’Hatha-Yoga expriment tous sa vocation principale : la pratique des asanas et les différentes techniques de respiration ou de relaxation ont pour but ultime de nous amener à un état de méditation où la définition du yoga donnée par Patanjali prend tout son sens : « Le yoga, c’est l’arrêt des perturbations mentales » ( Yogas-Sutras de Patanjali). Souvent, nous faisons l’expérience d’une paix profonde liée à un moment d’accalmie, de sérénité due au fait que nous nous sommes concentrés sur notre souffle, que nos tensions physiques et émotionnelles se sont dissipées grâce aux asanas. Le plus souvent, nous faisons une expérience déjà puissante mais pourtant inachevée car nous ne passons pas encore de la Concentration à la Méditation… Et nous confondons l’intensité du soulagement que procure la concentration, le fait de canaliser son mental sur une chose (le souffle dans chaque asana) avec l’état méditatif où le mental cesse toute activité. Hors, la méditation n’a pas d’égal. Elle est l’expérience la plus exaltante qui soit : le mental ne s’identifie plus à rien, il n’exerce plus aucun effort, les pensées disparaissent, seul un sentiment d’Amour inconditionnel et immense émane de notre être. Nous ne faisons qu’un avec l’Univers, le Grand Tout, le cosmos, le divin (c’est vous qui choisissez l’entité qui symbolise la Force Cosmique qui vous parle le mieux !). Nous devenons cette source de vie elle-même. Nous sommes Béatitudes ! Et ce ressenti, et bien je ne sais pas vous mais moi, je ne l’ai encore jamais vécu pleinement !

Plusieurs étapes à suivre par la voie du yoga

Un yogi pleinement éveillé passe normalement par différentes étapes dans sa pratique, l’amenant à un état méditatif procurant joie, unité, paix et foi absolue en tout ce qui est. Voici différentes échelles à gravir pour élever au plus haut notre esprit. 

La pratique des asanas prépare à l’asana finale, la posture la plus importante, Siddhâsana ou posture du lotus. Les enchaînements posturaux visent à libérer les tensions, à accroitre notre état de concentration et de réceptivité par le biais notamment de techniques de contrôle du souffle (pranayama) , et ils augmentent l’énergie vitale et notre faculté de présence et d’attention. 

  1. La première étape vers un état méditatif : l’attention au souffle où il s’agit de mettre de la conscience dans une activité respiratoire que l’on oublie généralement tant elle fait partie de nous ! Porter notre attention à la respiration nous ramène au Présent, à chaque seconde.

  2. La deuxième étape consiste à prendre une assise immobile, à la fois soutenue et confortable afin d’oublier le corps physique. Il faut veiller aussi à maintenir la colonne vertébrale dans toute sa verticalité en alignant buste, cou et tête tout en ayant les épaules relâchées.

  3. Méditer, se concentrer sur le point du cœur. Comme le préconise Boris Tatzky dans son article Méditer selon le hatha yoga, Yoga Journal, il faut « venir se localiser intérieurement au cœur de son être, au milieu de la poitrine. Emplir cet espace en évoquant le sentiment de Maitrî (amitié, bienveillance) et laisser cette qualité raisonner en soi et autour de soi. Ouvrir les yeux (Shâmbhavî mudrâ), le regard baissé vers le sol, sans le fixer. Bien qu’ayant les yeux ouverts, conserver la conscience dans le cœur, empli de bienveillance ». L’idée est de diffuser ce sentiment d’amour autour de soi et en soi dans un souffle continu à l’aide du son « OM » et de cette inspiration dans le lieu du cœur.

  4. Et puis, ne plus penser, ne s’accrocher à aucune pensée qui passe. Tout laisser passer, ne rien analyser… savourer la présence à l’être. Si le mental se dissipe et fui ce moment de vide (il a horreur du vide !), on peut retourner à cet état de conscience en repassant par un exercice de canalisation du mental par le biais d’un pranayama par exemple, et on recommence à emplir la région du cœur et à diffuser autour de soi…

Comme le répète Boris Tatzky, « Le secret de cette belle aventure de la conscience réside dans la régularité, la persévérance. Il est conseillé de pratiquer tous les jours à la même heure et au même endroit (…) Cet état de méditation ne dépend pas d’une autorité, n’a pas de but prédéterminé. C’est une réalisation de disponibilité intérieure, au-delà des croyances, au-delà des spéculations mentales. Cette voie de liberté qui est une forme de spiritualité, peut également s’exercer dans la vie quotidienne, donnant plus d’acuité à notre présence dans la vie ».

Alors, après tout ça, ça ne vous donne pas envie d’insister pour transformer notre état de concentration en état d’Amour et de contemplation ? Moi si, mais sans aucune injonction ni force, sinon ça ne marchera pas !

J’espère que cet écrit vous aura intéressé-e ! Je vous dis au mois prochain où j’aborderai différentes techniques de méditation☺